Promenade en ville

Seules quelques rares étoiles brillaient dans ce ciel d'encre. Il faisait froid. Les réverbères peinaient à s'allumer correctement, leurs lueurs illuminant brièvement les trottoirs quasi-déserts à cette heure-ci. C'est vrai, vers 2 heures du matin, on ne pouvait pas dire qu'il y avait grand monde. Pourtant, un groupe de jeunes gens avançaient dans le trottoirs, discutant bruyamment de leur sortie en boîte. Au milieu de ces gens, une jeune femme, qui n'était pas comme les autres, attiraient le regard des gens. Oui, elle était belle, resplendissante. C'était comme une soudaine lumière dans cette nuit obscure. Mais qui était-elle? On pouvait facilement la confondre avec une sublime chanteuse, ou bien une actrice célèbre. Dans tout les cas, sa beauté était enivrante, et personne osait fixer le regard innocent mais triste de cette jeune inconnue.
Cette dernière continua son chemin, marchant inlassablement. Elle ne savait pas ou aller. Peut être attendait-elle quelqu'un? Aucune idée, et nous le saurons jamais, car son visage très pâle ne voulait trahir la moindre expression. Cependant, ce fut avec une certaine surprise qu'elle se retourna, ses cheveux argentés brillant à la lueur des étoiles. Un personne semblable à elle s'approchait... Un vampire...! Elle était surprise. C'était assez particulier: c'était un être de la nuit, avec un sang terriblement pur, peut être plus qu'elle. Oui, Hilda Vensberg était le dernière descendante d'une famille de vampire au sang pur.Prise au dépourvu par cette soudaine apparition, Hilda s'arrêta et scruta l'autre coté du trottoir. Ses amis s'arrêtèrent à leur tour, et un jeune garçon demanda, agacé:

"Qu'est ce qu'il y a encore, Bella? C'est la sixième fois que tu tu t'arettes comme ça!"

La vampiresse avait bien sur donné un faux nom à ces pseudo-amis. De toute façon, ces gens ne la verraient qu'une seule fois dans leur courte vie d'humain. Hilda eut un moment de silence, les lèvres pincés, indécise, avant de répondre avec une lenteur presque exagérée:

"Continuez votre chemin... J'arrive..."

Ses compagnons de route la fixèrent un instant, un peu sceptiques, mais continuèrent leur chemin, marmonnant des paroles que la vampiresse ne chercha pas à comprendre. La jeune femme inspira profondément, puis expira. Elle traversa la trottoir à grande enjambées, sans s'attarder. Ce qu'elle vit la surpris. Car, adossé contre un poteau, un autre vampire attendait. Oui, il l'attendait. Hilda.

[Désolée, c'est court, mais j'ai pas beaucoup de temps...]

Dans une ruelle mal éclairée, proche de l'endroit où se promenait le groupe et la jeune vampire, la porte d'un immeuble s'ouvrit doucement.
En sortit deux silhouettes de tailles différentes mais il semblait que le manque de lumière ne les dérangeait nullement.
Baal, en effet, faisait une dernière visite à son serviteur dévoué Ahren avant de retourner à l'école.
Il était allé voir le directeur pendant la journée, même si cela lui avait coûté beaucoup d'énergie, pour régler quelques problèmes.
Celui ci lui avait ainsi demandé de se faire passer pour élève de la Night Class en attendant qu'il retrouve son frère. Il avait réussit à se procurer un uniforme à peu près à sa taille.
Mais il avait tenu à faire ses adieux à son compagnon de toujours. Celui ci semblait d'ailleurs très inquiet.

"Je ne peux donc rien faire pour t'empêcher d'y aller, alors ?"

Baal sourit à Ahren et essaya de le rassurer par ce sourire qu'il voulait sincère. Il avait beaucoup de respect et d'affection pour Ahren mais sa décision était inéluctable.
Il voulait revoir son frère. Cela faisait si longtemps... Il voulait revoir son visage au moins une fois...
Il ne savait pas à quel point ce cher frère qu'il aimait tant avait changé depuis son départ.
Mais Baal était de nature plutôt naïve et il faisait beaucoup trop facilement confiance à son frère Bélial.

"Mon frère me manque beaucoup tu sais."
"Je sais, tu m'en parles tout les jours depuis un an... mais..."
"Mais quoi ? Ne t'inquiètes pas pour moi. Je me débrouillerai seul et je sais me défendre. C'est plutôt pour toi que tu devrais t'inquiéter."
"Il n'y a aucun problème, j'ai fait l'acquisition de Blood Tablets, il y a peu. Je n'en avait plus beaucoup... et toi ?"
"Justement. Je suis venu ici aussi à propos de ce détail."
"Comment ?"

Baal ne lui répondit que par un sourire et le serra dans ses bras tendrement. Le jeune Sang Pur ne vit pas que son serviteur s'était mis à rougir à l'excès.

"Ne t'occupes pas de moi, je te dis. Je veux que tu vives ici pendant quelques temps c'est tout. Mais je reviendrai, je ne vais pas mourir."

Ahren se mordit la lèvre et serra son jeune maître entre ses bras fort. Le Sang Pur semblait vraiment menu à côté de lui.
Des larmes commencèrent à couler sur les joues de l'homme qui se laissait submerger par l'émotion de la perte superficielle de son maître.

"Je ne veux pas te perdre, Baal..."

Baal se dégagea doucement de l'étreinte du vampire et lui sourit pour le rassurer tout en essuyant ses larmes du bout du doigt.

"Tu ne me perdras pas... et arrête de pleurer ! Ce n'est pas digne de mon serviteur !"
"Oui... Pardonne moi..."
"Et ne recommence pas à t'excuser tout le temps ! C'est énervant !"

Ahren, loin d'être vexé, reconnaissait là la vrai franchise de son jeune maître.
Il le serra une nouvelle fois dans ses bras avant que le jeune Sang Pur ne lui demande de le lâcher et qu'il s'éloigna dans la ruelle, jetant quelques sourires en arrière vers son serviteur qui rentra chez lui, le regard empli de mélancolie. Baal mis ses mains dans ses poches d'un air négligé et avança dans la rue déserte, les yeux perdus dans le vague.
Maintenant qu'il était sûr que Ahren ne le collerait plus, il fallait qu'il trouve son objectif premier.
Il avait chercher l'infirmière à l'académie mais le directeur lui avait dit qu'elle était sortie pendant un moment. Et c'était normal ! Elle n'allait pas rester enfermée toute la journée.
Baal ferma les yeux et laissa tout ses sens d'animal en alerte pour essayer de repérer la vampire, qui plus est une Sang Pur. Il se devait de lui parler, sa maladie l'y obligeait.
Il ne voulait pas se retrouver avec une rechute à un moment critique. Il devait donc la trouver pour lui parler de son cas en espérant qu'elle veuille bien l'aider.
Le jeune vampire, les oreilles aux aguets, perçu des bruits de voix au loin, enfin pas si loin que ça.
Il pressa le pas dans la direction de ses voix et plus il s'en rapprochait, plus il commençait à sentir la présence, du moins l'aura, d'une Sang Pur.
Il arriva à l'endroit où un petit groupe marchait tranquillement mais en parlant haut et fort. Des humains ? Que faisait cette Sang Pur avec des humains.
Il ne chercha pas davantage et s'adossa contre le mur, persuadé qu'elle se rendrait compte de sa présence sans qu'il ai à l'interpeller.
En effet, une jeune femme s'arrêta soudain et se tourna vers lui. Ses compagnons lui demandèrent ce qui n'allait pas et elle leur répondit qu'elle les rattraperait, puis, elle s'avança vers Baal qui l'observait, un sourire aux lèvres. Le Sang Pur ne bougea pas et attendit qu'elle soit proche de lui pour lui adresser la parole.

"Bonsoir, mademoiselle ! Belle nuit pour sortir, n'est-ce pas ?"

Il lui sourit, d'un sourire sincère et franc qui ne cachait rien de lui. Il n'avait pas envie qu'elle commence à se méfier de lui.
Il se redressa en époussetant un peu sa longue chemise qui retombait jusqu'à ses genoux et qui donnait l'impression que le jeune garçon portait une robe, portant encore une fois à confusion sur son sexe. Mais il portait un pantalon fin en dessous et il avait plus l'allure d'un hippie que d'une femme, malgré ses cheveux argentés, son visage androgyne et sa voix fluette et éclatante.

"Vous êtes l'infirmière de l'Académie Cross ?"

Il passa ses doigts dans ses cheveux et se mit à tripoter une de ses mèches argentés, qui brillaient dans la nuit comme des fils de verre.
Il fit un pas en avant et se rendit compte avec une moue de déception qu'il était même plus petit que la femme vampire. Il soupira et essaya de lui sourire à nouveau.

"Je suis Baal Vacaresco et j'aurai besoin de votre aide..."

"Bonsoir, mademoiselle ! Belle nuit pour sortir, n'est-ce pas ?"

Hilda sursauta. Elle tourna la tête vers le vampire qui venait de lui adresser la parole avec un grand sourire. Bien que la voix de ce dernier ne trahissait pas grand chose de suspect, l'infirmière, par reflexe, se méfia déjà de lui. Le jaugeant de haut en bas, elle ne dit rien, ce qui permet à l'inconnu (l'inconnue? Son visage était si féminin!) de reprendre la parole d'un air tout aussi enjoué en tripotant inconsciemment une mèche de ses cheveux argentés. Hilda se contententa de l'écouter en levant un sourcil suspicieux:

"Je suis Baal Vacaresco et j'aurai besoin de votre aide..."

Un nouveau silence. Une nouvelle brise fraiche. La vampiresse demeura interdite face à cette soudaine demande. Surtout que cela venait de quelqu'un qui semblait en pleine forme. La jeune femme inspira profondément, puis expira une nouvelle fois. Oui, elle faisait cela souvent. Cela la détendait. Elle ferma les yeux et pris enfin la parole, répondant au dénommé Baal Vacaresco qui attendait patiemment la réponse de l'infirmière:

"Bonsoir..."

Hilda marqua une pause d'une poignée de seconde, sachant que chaque seconde était précieuse, surtout pour un patient. Elle se demandant intérieurement ce qu'elle allait dire de plus. Les longues discutions n'étaient pas son fort. On ne pouvait pas dire qu'elle était spécialement bavarde. Mais elle n'était pas muette non plus...
Une pensée lui vint en tête: son interlocuteur s'était tout d'abord présenté avant de demander de l'aide. Elle en déduit que, par politesse, elle devait le faire aussi, c'est d'ailleurs pour cela, qu'avec une grâce inhumaine, Hilda se présenta, s'inclianant respectueusement devant le jeune homme:

"Je suis bien l'infirmière de l'Academy Cross. Mon nom est Hilda Vensberg... Enchantée..."

Hilda était gênée. Que dire de plus? Autant éviter les grandes discutions, attaquons le sujet, songea la jeune femme en se mordant la lèvre inférieure, par peur de manquer de tact. Elle se redressa et ses yeux plongèrent involontairement dans ceux du jeune homme. Bien que ce fut difficile, elle réussit à s'en sortir et demanda, gentillement:

"Que vous arrive-t-il...?"

Baal avait l'air en pleine forme... Mais dans ses yeux, Hilda avait trouvé une tristesse inimaginable.